Des oiseaux de proie déclencheraient volontairement des feux en Australie selon une étude
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Une étude récente suggère que certains oiseaux de proies déclencheraient intentionnellement des feux de brousse en Australie, afin d’obliger leurs proies à se révéler.
L’Australie, le pays aux mille bêtes dangereuses, traverse actuellement une canicule redoutable, menaçant la faune comme la flore. Comme si les autorités n’avaient pas suffisamment de travail avec les feux de brousse qui apparaissent sous l’effet de la chaleur, ils doivent en plus faire face à une vague d’oiseaux pyromanes, surnommés « firehawks » (faucons de feu).
Des oiseaux pyromanes
D’après plusieurs chercheurs, ces rapaces se rassemblent par centaines sur les lieux d’incendies et y prélèvent des brindilles incandescentes qu’ils transportent parfois sur plus d’un kilomètre, afin de les relâcher dans des espaces qui n’ont pas encore été atteints pour y mettre le feu. On connaît au moins trois des espèces qui seraient responsables de ces feux volontaires : le Milan noir (Milvus migrans), le Milan siffleur (Haliastur sphenurus) et le Faucon bérigora (Falco berigora).
Leur objectif, selon la récente étude publiée dans le Journal d’Ethnobiologie, serait d’obliger leurs proies à se révéler en échappant aux flammes et à la fumée. “Les milans noirs et les faucons bérigora se rendent dans ces zones car elles regorgent de proies, c’est comme un buffet à volonté : petits oiseaux, lézards, insectes, en bref, tout ce qui échappe au feu", explique Bob Gosford, l’un des auteurs de l’étude.
Avocat converti à l’ethnoornithologie (il étudie le lien entre les oiseaux et les peuples aborigènes), Gosford a consacré plusieurs années de sa vie à ces rapaces pyromanes. “J’ai d’abord été intrigué par le récit qu’en faisait un Aborigène du nom de Phillip Roberts dans un livre paru en 1964. Il raconte comment il lui a été donné d’observer, dans la région de le Roper au nord, un oiseau s’emparant d’une brindille dans un incendie avant de le transporter dans une zone herbeuse intacte, où il l’a relâchée", se souvient-il.
Un comportement bien connu des Aborigènes
Par le passé, plusieurs articles ont déjà fait mention de l’usage du feu chez les rapaces. Néanmoins, d’après le géographe Mark Bonta, les autorités officielles restent sceptiques face à ce phénomène, et par conséquent enrayent la mise en place de mesures de prévention efficaces. Pourtant, « ce n’est pas une nouveauté », rappelle-t-il. »La plupart des données que nous utilisons nous proviennent d’une collaboration avec les Aborigènes. […] Ils ont connaissance de ce comportement depuis au moins 40.000 ans".
Reste à déterminer le degré d’intentionnalité de ces actes. Pour les chercheurs de l’étude, la réponse est claire : ils n’ont rien d’accidentel, les oiseaux savent ce qu’ils font. Si cette hypothèse se révélait correcte, cela signifierait non seulement que la nature dispose de moyens insoupçonnés de diffuser des incendies, mais aussi et surtout que l’utilisation du feu ne serait plus une caractéristique typiquement et exclusivement humaine.
Publié par Emma Hollen, le 11 janvier 2018
Intentional Fire-Spreading by “Firehawk” Raptors in Northern Australia
Mark Bonta, Robert Gosford, Dick Eussen, Nathan Ferguson, Erana Loveless, and Maxwell Witwer
Journal of Ethnobiology Dec 2017 : Vol. 37, Issue 4 Special Section : Birds II, pg(s) 700- 718https://doi.org/10.2993/0278-0771-37.4.700